3 questions à John Bilheur, président de Hymoov

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Observatoire des solutions | Débat d’idées | 3 questions à John Bilheur, président de Hymoov

Jeune société créée début 2021, Hymoov se positionne sur le créneau de « l’éco-hydrogène ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Hymoov s’est donnée comme objectif de produire de l’éco-hydrogène à partir de déchets de bois et de s’inscrire dans une économie circulaire consistant à mettre un terme à l’enfouissement d’un déchet et à préserver les ressources naturelles, en donnant une seconde vie à des déchets comme les meubles usagers, les déchets issus de l’industrie ou de la démolition. Sur le plan écologique, nous préservons des ressources naturelles et nous produisons un gaz renouvelable. Bien sûr, nous développons un modèle économique qui renforce l’emploi local et qui, à termes, procurera de la compétitivité aux entreprises. Concrètement, nous transformons un bois de classe B en gaz renouvelable de type méthane ou hydrogène de synthèse. Notre première unité, destinée à produire un méthane de synthèse injectable sur le réseau, sera fondée sur l’assemblage de technologies matures combinant les technologies de pyrogazéification et de méthanation.

 

Justement, où en êtes-vous de cette première unité ?

Notre unité est un démonstrateur industriel de 5 MW et injectera du méthane de synthèse par pyrogazéification de déchets de bois. Il se trouve sur l’écoparc de la Barillais, en Loire-Atlantique, un ancien site Seveso près duquel passent les réseaux GRDF et GRgaz. De plus, une centrale solaire de 700 kW injecte son électricité dans le réseau, et un méthaniseur en construction avec Engie BiOZ complètent l’implantation de l’écoparc. Nous disposons de la réserve foncière nécessaire à une deuxième unité dédiée à la production d’hydrogène et destinée à la décarbonation de l’industrie et/ou à la mobilité. Nous réfléchissons à des synergies éventuelles avec Engie BiOZ car nous serions en mesure de valoriser le CO2 issu de ce méthaniseur et nous pourrions l’alimenter en chaleur. La recherche de financement de notre projet sera lancée au second semestre 2021 pour un lancement de la construction en 2022 et une exploitation en 2023.

 

L’engouement actuel sur l’hydrogène est-il de nature à vous rendre optimiste sur le développement de vos activités ?

Le passage de 100 millions d’euros à 7,2 milliards investis par la France dans l’hydrogène dans la décennie à venir montre que les ambitions et les moyens sont là. Ceci étant, nous devons encore évangéliser sur le moyen de production d’hydrogène renouvelable via la pyrogazeification, permettant de valoriser des déchets localement tout en produisant un gaz renouvelable localement. En somme, un cercle vertueux. Car la production d’hydrogène renouvelable est encore trop souvent limitée à l’électrolyse de l’eau, alimentée par des sources d’électricité renouvelable, ce qui fonctionne très bien, mais nous devons éclairer le grand public et les institutions sur les autres solutions techniques qui existent et qui apportent d’autres avantages, complémentaires. Il importe donc de continuer à convaincre que la pyrogazéification a toute sa place et sera peut-être LA solution qui permettra de transformer une matière carbonée en gaz pour produire de l’énergie. Enfin, il nous faut absolument progresser sur le mécanisme de financement qui nous permettra de valider notre business model : c’est la clé de voûte et le sujet sur lequel il nous manque des réponses à ce jour.