L’entretien Coénove : Alice L’HOSTIS, Directrice du Centre technique national du biogaz et de la méthanisation

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Ne vous y trompez pas, derrière cette jeune femme souriante et un acronyme un peu barbare se cachent avant tout beaucoup de compétences. Alice L’Hostis, la directrice du Centre technique national du biogaz et de la méthanisation, s’est prêtée au jeu de l’interview pour Coénove et nous dévoile son quotidien, entre expertise technique et animation de réseau.

Si le lien entre méthanisation entre biométhane semble naturel, il l’est beaucoup moins avec le CO2 alors même que cette molécule représente 40% de la composition du biogaz. Le CTBM vient justement de publier un guide technique relatif à la valorisation du CO2 de méthanisation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce guide a été rédigé par un groupe de travail du Club Biogaz que j’ai animé durant un an. Il a permis de faire l’état des connaissances nécessaires aux porteurs de projets avant de lancer cette activité de valorisation du coproduit du biométhane. Il présente le marché du CO2 en France avec les zones de consommation, les types d’entreprises intéressées et les différents critères de qualité qu’elles demandent. Les technologies disponibles pour purifier le flux de CO2 sont détaillées avec des schémas et des gammes de fonctionnement. Enfin, nous avons listé les différents modèles économiques possibles depuis la vente de l’évent brut jusqu’à la valorisation du CO2 sur site.

 

La valorisation du CO2 est un sujet de recherche d’intérêt mais il est loin d’être le seul sur lequel se penche la communauté scientifique… Le CTBM a récemment co-organisé les Journées Innovation Recherche ‘biogaz & méthanisation’ d’où sont sûrement ressorties des problématiques émergentes ?

Plutôt des réponses ! Ainsi, le digestat peut favoriser le stockage de carbone dans le sol. Il est aussi nécessaire de le couvrir durant le stockage car cela divise par trois les émissions résiduelles de méthane par rapport à une croûte continue et épaisse. Parmi les questions qui restent ouvertes on peut citer l’optimisation des coûts de la filière, combinée avec une vision territoriale et d’économie circulaire : comment répondre aux besoins de fertilisation des sols, de traitement des déchets et de production d’énergie renouvelable, à un coût supportable ?

 

Un enjeu qui revient souvent quand on parle de méthanisation est celui de la professionnalisation de la filière. Travaillez-vous également sur la formation des acteurs ?

Oui, je copilote un groupe de travail dans le cadre du Comité Stratégique de Filière. Nous avons mis en ligne des fiches pour décrire nos métiers et aider à les faire connaître aux jeunes et moins jeunes qui cherchent un projet professionnel dans la transition écologique. Nous aidons aussi à la communication autour de nos formations, notamment dans le guide métiers méthanisation publié cette année.

 

Publication de guides, portail internet d’informations, accompagnement et formation des professionnels… le CTBM est en fait une vraie boîte à outil pour les acteurs de la méthanisation ?

Tout à fait. Son objectif est de capitaliser les connaissances produites par ses différents membres, notamment les centres de recherche, pour les rendre accessibles aux acteurs. Cela se fait à travers les événements (JRI et webinaires) et en ligne sur InfoMétha.org, site collaboratif tenu à jour par les experts de la communauté. Ainsi, les autres acteurs peuvent plus facilement résoudre leurs problèmes et innover pour améliorer les performances environnementales et économiques de la filière.