© Marwen Farhat / USH

3 questions à Emmanuelle Cosse, Présidente de l’Union sociale pour l’habitat

Publié le
Observatoire des solutions | Débat d’idées | 3 questions à Emmanuelle Cosse, Présidente de l’Union sociale pour l’habitat

A l’occasion du Congrès HLM qui s’est tenu à Nantes du 3 au 5 octobre 2023, la Présidente de l’Union sociale pour l’habitat, Madame Emmanuelle Cosse, nous donne sa vision des enjeux qui concernent les bailleurs sociaux en termes de rénovation des logements.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la ligne choisie pour le Congrès 2023 de l’USH, qui se tient à Nantes du 3 au 5 octobre 2023 : « Toutes nos énergies pour le logement » ?  

Pour cette édition, le thème du congrès n’a pas été long à déterminer. Il nous a percutés. « Toutes nos énergies pour le logement » :  c’est bien entendu la réponse volontariste que nous avons voulu donner à la crise des énergies qui a bousculé les organismes et des centaines de milliers de ménages ces derniers mois. C’est aussi un engagement pour la transition écologique de notre secteur. Cette transition, inscrite à présent dans la loi, est une formidable opportunité pour transformer nos façons de construire, de rénover, de consommer et de produire de l’urbanité. Ce défi immense d’adapter notre patrimoine et nos usages à la crise climatique et sociale met d’ores et déjà en mouvement la totalité des acteurs de la construction et de la rénovation. Nous voulons réussir ensemble cette nouvelle grande transformation économique, technique, juridique, financière et sociale.

 

Quels sont selon vous les grands défis pour le logement social, dans les années à venir, pour contribuer à une décarbonation accélérée du secteur des bâtiments et à une transition énergétique juste ? 

L’USH a tracé une trajectoire de décarbonation du parc de logement social hexagonal. Si la décence énergétique à 2034 et la neutralité carbone à 2050 étaient déjà des défis, le nouveau jalon de décarbonation en accord avec « l’adaptation à l’objectif 55 » (Fit for 55) nécessite un quasi-doublement de la rénovation : dans sa quantité (doubler le rythme) comme sa qualité (doubler la part de rénovation performantes). Et cette cadence ambitieuse ne suffit pas à elle seule si on se limite à l’action sur l’enveloppe. La décarbonation du parc requiert en complément le recours à toutes les énergies décarbonées disponibles et à venir. Intégrer les réflexions sur les vecteurs énergétiques est central dans l’atteinte de nos objectifs collectifs. Le second défi sera bien-sûr le financement de la rénovation énergétique et carbone, qui ne doit se faire ni au détriment de la production (alors que le nombre de demande de logement social ne cesse de croître), ni contre d’autres enjeux de société, par exemple l’adaptation des logements au vieillissement ou au handicap.

L’USH a rejoint Coénove en janvier 2023, quelles sont les grandes convictions que vous partagez avec notre association ? 

L’Union sociale pour l’habitat, aux côtés des organismes de logement social, est pleinement engagée pour l’amélioration énergétique et environnementale des logements sociaux. Dans ce cadre, il est évident pour l’USH de s’entourer de partenaires afin d’alimenter réflexions et réalisations sur ces thèmes. Parmi les convictions profondes que Coénove et l’USH partagent, la première est celle de laisser à chaque solution décarbonée sa juste place. Ce pluralisme, ou plutôt cette complémentarité, est une condition de la réussite de la transition. La seconde conviction partagée est de redonner une place centrale aux territoires dans les transitions énergétiques et la décarbonation. Le rôle des organismes de logement social comme Personne morale organisatrice de l’énergie (PMO) est notamment à creuser. La troisième conviction est notre devoir de modulation et d’adaptation des solutions techniques pour chaque territoire, chaque organisme et chaque bâtiment. C’est la clé pour trouver les options les plus durables et abordables économiquement. Cette différenciation des solutions ambitieuses doit contribuer à la résilience générale des territoires où ces énergies seront déployées.

 

Photo : © Marwen Farhat / USH

Vous pourriez être intéressé par :

  • Halte aux idées reçues ! Malgré la RE2020, le gaz a toujours un avenir dans le bâtiment.

  • Projet d’interdiction des chaudières au gaz dans les bâtiments : une fausse bonne idée !