3 questions à Nicolas Paget, Directeur Général Délégué et cofondateur de Waga Energy

Publié le
Observatoire des solutions | Débat d’idées | 3 questions à Nicolas Paget, Directeur Général Délégué et cofondateur de Waga Energy

Waga Energy est une entreprise récente et innovante de la filière des gaz renouvelables, pouvez-vous nous raconter comment cela a démarré ?

J’ai fondé Waga Energy avec Mathieu Lefebvre et Guénaël Prince il y a 6 ans. Nous sommes tous les trois issus de la filière des ingénieurs français et nous nous sommes rencontrés au sein d’Air Liquide pour travailler sur la valorisation du biogaz.

Notre attention a rapidement porté sur le biogaz issu des décharges, des centres d’enfouissement, une ressource existante trop peu valorisée, une production fatale du mode de vie contemporain des grandes agglomérations (2,5 milliards de tonnes chaque année, en constante augmentation). Convaincus que ce biogaz pouvait être davantage exploité, nous avons poursuivi les réflexions sur le potentiel et l’impact de cette énergie et lancé Waga Energy afin de développer une solution d’épuration simple et économique.

Aujourd’hui Waga Energy, c’est plus de 70 collaborateurs dont les compétences répondent à la réalisation des projets d’injection de biométhane à partir d’un site d’enfouissement : du financement en passant par la conception, la construction, la mise en service, l’exploitation, la maintenance du site jusqu’à la vente du biométhane.

 

Expliquez-nous comment vous arrivez à valoriser le gaz des décharges et en faire un produit compétitif ?

Tout d’abord, nous récupérons le biogaz de la décharge pollué à l’air, avec pour objectif de récupérer un méthane quasiment pur. Le principe, mis au point chez Air Liquide puis développé et finalisé depuis notre essaimage, est le suivant : à la technologie des membranes, qui sépare efficacement le CO2 du CH4, nous ajoutons une colonne de distillation qui procède à une séparation cryogénique du CH4 de l’N2 et de l’O2, c’est-à-dire que nous récupérons un méthane liquéfié à -165 °C, et nous rejetons l’azote et l’oxygène qui à cette température sont encore à l’état gazeux. Ainsi, en couplant ces deux technologies – membranes et distillation cryogénique – nous parvenons à épurer le biogaz de décharge avec un système économiquement abouti.

Dans notre Waga Box, les différentes étapes de traitement se succèdent (séparation des gaz et des polluants, distillation cryogénique) et nous obtenons un biométhane quasiment pur répondant à toutes spécifications des réseaux mondiaux de gaz. Ainsi, nous pouvons nous lancer sur tous les marchés.

Pour la première fois au monde, nous avons réussi à produire une énergie compétitive qui intéresse presque tous les énergéticiens et qui peut remplacer les énergies fossiles au prix du marché.

 

Quelles sont alors vos perspectives de développement ?

Aujourd’hui, dix unités sont en exploitation, une dizaine sont en cours de réalisation et nous sommes déjà tournés vers l’international.

L’inclusion de biométhane dans le mix énergétique, dans une économie circulaire, est très pertinente. La France compte à peu près autant de sites d’enfouissement de déchets que de départements. À cette échelle, les déchets sont collectés, le biogaz est produit et injecté dans le réseau en substitution du gaz fossile de Russie ou de Norvège. Ainsi, nos déchets nous servent à produire une énergie qui fait rouler des bus, chauffer des pâtes et qui se substitue au gaz fossile.

Sur le marché international, nous avons besoin de répondre au besoin de centres de très grande taille, Grâce à la signature d’un contrat avec Véolia sur une unité de 3000 Nm/h en France suivi de la signature d’un contrat au Québec pour une unité similaire avec la régie de la Mauricie, nous sommes maintenant en mesure d’équiper des installations de stockage ayant une capacité 5 à 6 fois supérieures à ce que nous faisions jusqu’ici, soit 120 GWh par an.

Nos succès commerciaux en France et le début de notre déploiement à l’international, en Espagne, au Canada et aux Etats-Unis nécessitent désormais des moyens supplémentaires en termes de capital. Notre entrée en Bourse le 27 octobre dernier va nous permettre de poursuivre le financement de notre développement et atteindre nos ambitions d’une centaine de sites en fonctionnement à horizon 2026.