3 questions au Député Jean-Luc Fugit

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Député du Rhône, Président du Conseil national de l’Air et membre titulaire du CA du CSTB, Jean-Luc Fugit est ingénieur chimiste et docteur en pollution de l’air.
Il a été vice-président de la mission d’information sur la rénovation thermique des bâtiments et il est par ailleurs membre du Conseil national de la Transition écologique.
L’entretien s’inscrit dans le prolongement des Rencontres de l’Energie auxquelles le Député Jean-Luc FUGIT a participé aux côtés de Bernard Aulagne.

Monsieur le Député, Coénove aimerait connaître votre vision de l’énergie gaz et de l’avenir des gaz renouvelables en France ?

La France a basé son développement économique sur l’utilisation massive des énergies fossiles et avec les engagements pris pour en sortir, le développement du nucléaire et des énergies renouvelables devient prioritaire.
Toutes les énergies renouvelables auront un rôle à jouer et il ne faut surtout pas les opposer entre elles.
J’estime donc que le gaz renouvelable a un rôle à jouer dans la transition énergétique.
Les potentiels sont importants notamment avec la méthanisation agricole y compris en veillant à respecter la vocation première des cultures à l’alimentation des humains et des animaux.

Comme je l’évoquais dans une tribune en juillet 2021 « la méthanisation agricole est un outil au service de l’aménagement du territoire ».

Non seulement c’est une filière qui répond aux objectifs de diminution des GES mais elle représente une opportunité de traitement de nos déchets agricoles et ménagers sur une échelle de temps très courte pour un usage local de mobilité ou de chauffage des bâtiments, sans parler de toutes les externalités positives en termes de souveraineté énergétique et pérennisation des exploitations agricoles.
Je suis persuadé que la micro-méthanisation ayant vocation à valoriser des déchets ménagers est une voie qui mérite de se développer.

Dans tous les discours des pouvoirs publics et les scénarios publiés, on assimile la décarbonation des bâtiments à l’électrification massive, quel est votre sentiment sur ce point ?

On parle beaucoup de l’électrification en France car le nucléaire représente une part significative de notre production d’énergie et je pense que le nucléaire aura un rôle important à jouer dans la décarbonation.

L’électrification des usages est très intéressante dans la mobilité alors que dans le bâtiment, il peut y avoir un véritable intérêt à maintenir une certaine diversité des énergies.

Il faut se battre contre l’idée qu’attendre le verdissement des gaz retarderait la décarbonation. Les gaz renouvelables ne sont pas encore assez connus et il faut intensifier la pédagogie autour du sujet pour les faire connaitre et que les usagers se les approprient !

Quoi qu’il en soit, les biogaz contribueront, en appui du nucléaire et des ENR électriques bien entendu, à décarboner notre économie.

Aux dernières rencontres de l’Energie, vous avez évoqué que la France « souffrait d’un certain retard sur l’hydrogène bâtiment décarboné par rapport au Japon ou à l’Allemagne. », pouvez-vous nous en dire plus ?

Pour aller plus loin sur la réduction de l’impact environnemental du bâtiment, il faut s’appuyer sur l’innovation ! L’hydrogène est source d’innovation.

Non seulement il faut investir sur l’hydrogène dans le secteur industriel et dans la mobilité mais aussi dans le secteur du bâtiment, comme en Allemagne et au Japon où des premières expérimentations utilisent l’hydrogène dans le bâtiment. Je suis convaincu que demain, il pourrait y avoir des quartiers autonomes avec des panneaux photovoltaïques sur les toitures qui contribueraient à alimenter les bâtiments en autoconsommation. Le surplus de consommation pourrait alors être transformé en hydrogène via des électrolyseurs.

Enfin, je crois beaucoup également dans le potentiel de la filière de la méthanation qui consiste à combiner du CO2 fatal derrière un méthaniseur et de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau pour produire du méthane.

Ne perdons pas de vue comme disait Lavoisier que « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » !