Bernard Aulagne, Président de Coénove, a ouvert la séance en présentant les principaux chiffres d’une étude inédite conduite auprès de propriétaires de logement par l’IFOP à la demande de Coénove. Elle montre notamment qu’une grande partie des travaux d’améliorations énergétiques réalisés ou projetés (40%) implique un budget inférieur à 5 000 €, un montant qui apparaît modeste pour espérer un véritable gain énergétique.
Philippe Pelletier a rappelé, tout d’abord, l’importance du secteur du bâtiment dans la transition énergétique. C’est en effet dans ce secteur, à la fois gros consommateur d’énergie et émetteur important de GES que les marges de progrès sont les plus importantes. La question de la rénovation est elle-même déterminante, le flux de la construction neuve ne représentant annuellement qu’un 1% du parc. L’objectif de rénovation des 500 000 logements par an est fixé pour 2017. « C’est un chiffre raisonnable, puisque 288 000 logements privés plus 100 000 logements sociaux sont déjà concernés par les rénovations performantes en 2014 », explique Philippe Pelletier.
Pour réussir, Philippe Pelletier cite cinq leviers qui doivent être envisagés comme complémentaires vue la diversité de la demande (typologie des logements, caractéristiques des ménages : âge, situation financière, etc).
- Le premier levier concerne l’économie des charges de chauffage, particulièrement sensible pour les ménages en risque de précarité énergétique.
- Le second, qui monte en puissance, concerne la valeur verte du logement et touche une population qui a le souci de la transmission de son patrimoine.
- Troisième levier et non des moindres, l’embarquement de la performance énergétique dans d’autres travaux (agrandissement, accessibilité, ravalement, etc…).
- Le quatrième levier touche à la recherche de confort et de bien-être.
- Enfin, cinquième et dernier levier, les générations futures. « Je crois profondément à l’influence des enfants sur le comportement des parents, comme l’a montré la sécurité routière ou le tri des déchets. »
Sur la question des moyens d’accompagnement, Philippe Pelletier soutient plutôt l’incitation, met en garde contre l’obligation aveugle en prônant une obligation intelligente, citant l’embarquement de la rénovation énergétique dans les gros travaux. Second moyen, les aides et financements qu’il convient de stabiliser tout en étant lucide sur leur réorientation à plus ou moins long terme.
Enfin, l’accompagnement des ménages est un axe important, notamment pour les populations précaires ; 50 000 sorties de précarité énergétiques ont été ainsi réalisées en 2015, 70 000 devraient l’être en 2016 et 100 000 en 2017.
Pour les propriétaires et copropriétaires, des mécanismes d’accompagnement se sont mis en place également à l’initiative des collectivités territoriales, mais aussi via des initiatives privées qui se développent sous l’égide des énergéticiens, des banques ou encore des architectes.
François Lachgar, de la Confédération nationale du logement (CNL), rejoint tout à fait cette approche partenariale et souligne l’intérêt de travailler à la sensibilisation des plus jeunes au sein des écoles. L’exposition sur l’habitat économe de la CNL remporte d’ailleurs un très grand succès dans les établissements scolaires. Se pose là plus largement la question de l’information et des outils mis à disposition des ménages. « L’accès à l’information n’est pas tant le problème que la teneur de l’information. Il faut aller vers un relais de confiance capable d’expliquer le dispositif d’aides, par exemple » précise F. Lachgar qui reconnaît que cet accompagnement des ménages est essentiel, et relève presque de l’éducation populaire.