3 questions à Marc Fontecave, Professeur au Collège de France

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Invité d’honneur d’un Club « Une Energie d’Avance » de Coénove, Marc Fontecave, Professeur au Collège de France, Membre de l’Académie des Sciences, a accepté de répondre à nos questions et partager son analyse du projet de la future Programmation Pluriannuelle de l’Energie ainsi que sa vision sur les leviers pour assurer la sécurité d’approvisionnement de notre pays.

Quelles sont les principales missions que l’Académie des sciences mène sur la transition énergétique et comment sont réalisées vos études ?

L’Académie des sciences a mis en place un comité de prospective en énergie que je préside et qui comporte une vingtaine d’académiciens spécialistes de domaines qui peuvent alimenter les questions énergétiques sous la forme de rapports et d’avis. Sur l’énergie comme sur d’autres sujets la mission de l’académie est de fournir des éclairages scientifiques et technologiques aux citoyens et aux décideurs politiques, institutionnels, industriels sur toute question qui possède une composante scientifique.

L’Académie des sciences a récemment proposé une analyse et des recommandations sur le projet de future Programmation Pluriannuelle de l’Energie de notre pays. Quels sont les grands enseignements de l’étude que vous avez réalisée ?

L’Académie des sciences a alerté le gouvernement sur les 3 points suivants. Premièrement, le texte est trop imparfait pour rester en l’état sur le plan formel : il est rempli d’incohérences de chiffres qui doivent être supprimées. Deuxièmement les objectifs, à l’horizon 2035, de diminution de la consommation d’énergie totale ne sont pas suffisamment explicités et ceux d’augmentation massive de la production électrique ne sont pas mis en cohérence avec la réalité de la consommation électrique, qui baisse depuis 2017. Troisièmement, le supplément de 200 TWh de production, en 10 ans, inscrit dans le projet de la PPE, ne s’appuie que sur des énergies intermittentes non pilotables (éolien et solaire) ce qui aura des conséquences négatives sur le marché de l’électricité, la modulation par le nucléaire et la gestion des réseaux électriques.

Quelle est selon vous l’importance des solutions de flexibilité et de stockage intersaisonnier/intrajournalier) pour assurer la sécurité d’approvisionnement de notre pays ?

Il y a une limite à la part des énergies intermittentes non pilotables dans la production électrique, notamment dans un système à fort socle nucléaire. L’Allemagne a développé massivement éolien et solaire mais a gardé son socle pilotable de capacités fossiles. C’est le point de vue de l’académie. Cette contrainte ne pourra être levée que grâce à la disponibilité de mécanismes de stockage (mégabatteries, STEP et stockage chimique). Pour le moment ces mécanismes ne sont pas disponibles à l’échelle requise et le stockage intersaisonnier, le plus critique, est loin d’être résolu. Il faut y travailler.

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